« Numerus clausus : la fin de "l'enfer" en première année de médecine ? »
C'est ce que titre Le Parisien, qui indique que « le gouvernement devrait annoncer la disparition du numerus clausus. Et soulager des milliers de potentiels futurs médecins dont la première année de fac se solde par un concours très difficile ».
Le journal explique notamment qu'« en 2018, ils étaient 59.753 sur la ligne de départ en Paces (Première année commune aux études de santé), pour seulement 8205 places en médecine. Pour les départager ? Un concours au terme d'une année très très chargée ».
Olivia, médecin généraliste dans le Nord, déclare ainsi : « Je pleurais tout le temps, je me mettais une pression dingue. J'ai redoublé, j'ai pris 10 kg. Mon matelas avait pris la forme de mon corps tellement je passais du temps à réviser dessus. Je relativise parce que je m'en suis sortie, mais c'était vraiment difficile ».
De son côté, Olivier Véran, neurologue et député LREM, remarque : « C'est du bachotage bête et méchant où l'on départage les étudiants par des QCM. Ceux qui savent le mieux apprendre par cœur sont avantagés. On ne prend pas les étudiants qui sont susceptibles d'être les meilleurs médecins mais ceux qui savent faire appel à leur instinct reptilien ».
Le Parisien se penche sur « ce que prépare le gouvernement » et s'interroge : « Le président Macron va-t-il signer l'arrêt de mort de ce que le candidat Macron présentait comme un «système périmé» ? Pointé du doigt pendant la campagne présidentielle, le fameux numerus clausus est l'un des chantiers du plan santé du gouvernement, dont les axes seront annoncés le 18 septembre ».
Le journal cite le ministère de l'Enseignement supérieur, qui indique que « l'enjeu, c'est de savoir comment on veut former nos médecins. Et le système actuel ne convient plus ».
Le Parisien note ainsi : « Le tant décrié concours de première année pourrait être supprimé. Et après ? Deux possibilités ont été dévoilées par nos confrères de France Info. [...] Première option, on laisse chacune des facs former le nombre de médecins selon ses capacités ».
Olivier Véran indique que dans ce cas, « on doit leur donner la possibilité d'accueillir plus d'étudiants et de trouver de nouveaux lieux de stage, notamment dans les cabinets de médecine générale et plus seulement en milieu hospitalier ».
Le quotidien poursuit : « Deuxième idée, on décale le concours à la troisième année pour que les recalés puissent bénéficier d'une équivalence plus intéressante pour rebondir vers d'autres formations ».
Guillaume Fond, enseignant-chercheur à l'hôpital de La Timone à Marseille, « qui a coordonné une étude sur le stress des futurs médecins », observe que « ça décalerait le couperet de l'examen à une période où les jeunes sont plus matures pour l'appréhender. Mais ça ne supprimerait pas le stress du concours. Ça décalerait le problème ».
Le Parisien ajoute qu'« officiellement, le gouvernement ne veut rien confirmer ou infirmer. «Il y a des pistes, et ces deux-là en font partie, nous glisse-t-on. Mais il y en a d'autres, comme celle de régionaliser ce numerus clausus» ».
Libération constate également qu'« en médecine, les quotas n'ont plus la cote ». Le journal consacre sa Une et 4 pages au sujet, évoquant « une réforme tardive pour un système à bout de souffle ».
Le journal observe ainsi : « Faut-il faire exploser le numerus clausus, ce vieux machin presque quinquagénaire, spécialité française (avec la Belgique et le Portugal) qui rend chaque année si malheureux des milliers d'étudiants qui ont échoué alors qu'ils auraient pu devenir de bons médecins ? Pourquoi diable le maintenir dans un contexte, en plus, où se multiplient les déserts médicaux ? ».
« «Rien n'est décidé», nous a cependant expliqué le cabinet de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, ajoutant que «ces sujets sont évidemment en débat [mais que] la forme n'est pas encore retenue» », précise le quotidien.
Libération relève entre autres que « c'est un vieux débat, mais pour une fois celui-ci pose des questions pertinentes sur les difficultés de l'évolution de notre système de santé, aux prises d'un côté avec des réglementations successives souvent en retard sur la réalité des faits et de l'autre côté avec les limites d'une formation à la française très élitiste, sélectionnant les étudiants en médecine sur des profils de premiers de la classe bien plus que pour leurs qualités humaines ».
Le journal publie en outre un entretien avec Jean-Luc Dumas, ancien doyen de la faculté de médecine de Bobigny, qui « plaide pour une réflexion globale sur l'accueil et la formation des étudiants ». Il déclare notamment que « le système est complètement sclérosé. [...] Il faut d'abord mettre en place un parcours universitaire qui mise sur une réelle diversité des profils d'étudiants. Depuis 5 ans maintenant, la sphère médicale a réellement pris conscience que des étudiants venant d'autres licences (en biologie, en psychologie etc.) pouvaient très bien réussir en médecine et devenir de très bons médecins ».